L’histoire du boulingrin, sous ses diverses incarnations, remonte au moins jusqu’à l’Antiquité dans différentes parties du monde.  Des fouilles réalisées sur des sites datant de l’âge de la pierre ont confirmé qu’une forme de ce jeu était pratiquée au moyen de pierres arrondies qui étaient roulées ou lancées vers un piquet ou un autre repère.  Des artefacts ont permis de conclure que des jeux semblables au boulingrin étaient pratiqués par les anciens Égyptiens, les Aztèques, les anciens Polynésiens et divers peuples autochtones de l’Amérique du Nord. Des documents indiquent que des matches de boulingrin organisés ont été tenus aussi tôt qu’au XIIe siècle en Grande-Bretagne.  Les boules qui étaient utilisées dans la version primitive du jeu étaient rondes et ne comportaient pas de biais. Les biais n’ont fait leur apparition qu’en 1522 après que (prétend-t-on) Charles Brandon, duc de Suffolk, qui avait accidentellement brisé une boule, se soit précipité dans sa demeure pour scier une sphère qui coiffait une rampe d’escalier. Par conséquent, un côté de la boule était plat et celle-ci empruntait une trajectoire courbe à la fin de sa course plutôt que de parcourir une ligne droite.

Au XIVe siècle, la popularité croissante du boulingrin en Angleterre a fait craindre au roi et au Parlement que la pratique du tir à l’arc ne soit négligée et que l’efficacité des archers s’en trouve diminuée lors des combats ou des opérations militaires.  Diverses lois ont donc été adoptées afin de restreindre ou d’interdire la pratique de sports comme le boulingrin et le tennis lors des règnes des rois Édouard III en 1361, Richard II en 1388 et Henri IV en 1409. Malgré les lois, la population n’a pas cessé de jouer au boulingrin et le sport a continué de gagner en popularité.  

En 1541, Henri VIII a spécifiquement interdit aux artisans, aux ouvriers, aux apprentis, aux serfs, aux serviteurs ou aux domestiques et aux autres personnes « de basse extraction » de s’adonner au boulingrin, sauf le jour de Noël, sur les terres de leur maître et en présence de ce dernier. De lourdes amendes étaient imposées en cas de non-respect de la loi.

En 1555, la reine Marie fit preuve d’encore plus de fermeté en prohibant les matches le jour de Noël, alléguant que le boulingrin servait de prétexte à des « rassemblements illicites, des conjurations, des séditions et des conspirations ».   La loi promulguée en 1541 est demeurée en vigueur pendant encore trois siècles, avant d’être finalement abrogée en 1845 sous le règne de la reine Victoria.

En dépit de ces lois, le boulingrin a continué de prospérer.  On dit que Sir Francis Drake était en train de jouer au boulingrin lorsque l’Armada espagnole a fait voile dans la Manche en 1588.  Shakespeare mentionne ce sport à l’acte III de la pièce Richard II, indiquant que l’on trouvait aussi bien des hommes que des femmes sur les terrains de boulingrin.  Au début du XIXe siècle, de nombreuses auberges anglaises comptaient leur propre terrain de boulingrin, probablement pour attirer la clientèle.  

À l’instar du golf, c’est aux Écossais que l’on doit la version organisée du boulingrin.  À Glasgow, en 1848, à la suite d’une compétition regroupant environ 200 joueurs de divers clubs qui appliquaient tous des règles différentes, W.W. Mitchell a rédigé un « code de lois uniformes ».  Toutes les règles subséquentes ont été fondées sur ce code. La Scottish Bowling Association a été formée en 1892 et, en 1893, elle a établi des règles – ou lois – en s’appuyant sur le code de Mitchell, en plus de publier un code d’éthique. L’International Bowling Board, qui a été créé en 1905, avait comme membres fondateurs l’Écosse, l’Angleterre, l’Irlande et le Pays de Galles. Le Canada y a été admis en 1928, tout comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et les États-Unis. Aujourd’hui, le sport est pratiqué dans plus de 40 pays et au-delà de 50 organismes nationaux sont officiellement reconnus. La version moderne du jeu est bien ancrée en Écosse, le championnat mondial de boulingrin ayant lieu à Australie.